Pour changer un peu (la première fois sur ce blog, je crois), parlons cinéma.
Hier, j’ai été voir Bohemian Rhapsody.

Je ne suis pas une fan inconditionnelle de Queen, mais j’adore certains de leurs tubes (avec mon cher et tendre, on avait d’ailleurs choisi Don’t stop me now pour faire notre entrée dans la salle de notre mariage).
Pour une de mes rares sorties ciné, j’aurais bien été voir un autre film, mais c’est sur celui-là que s’est arrêté le choix de notre groupe.
Après deux heures passées avec les ongles littéralement enfoncés dans les accoudoirs de mon fauteuil, je peux vous dire que je ne regrette pas ce choix.
Je viens de faire un petit tour des articles en ligne sur ce film, qui vous expliquent comme d’habitude à quel point c’est mauvais, ou génial, comment ça s’écarte honteusement de la réalité historique, ou comment le respect des personnalités qui composent le groupe a été assuré par certaines scènes.
Pour ma part, je ne connaissais pas à fond leur histoire, je ne peux pas dire ce qui a été conservé. Ce que je sais, c’est que ce film m’a remuée, en tant qu’artiste.
D’abord, il faut dire ce qui est, la musique de Queen se prête extrêmement bien à ce type de film, mélange de passages narratifs et de scènes plus musicales (concerts, enregistrements…). On vibre littéralement en assistant aux premiers pas irrévérencieux de ces quatre gars, qui semblent n’avoir rien en commun. La musique se lie aux images, les costumes splendidement loufoques de Freddie Mercury servent de révélateur à la folle originalité de ces chansons, des concepts musicaux qui les accompagnent.
Un biopic sur une star, c’est toujours un peu la même histoire : le personnage est incroyablement doué, personne ne veut qu’il s’épanouisse dans son art, mais à force de persévérance il y arrive. Succès vertigineux. Éloignement de ses amis et de sa famille, ruptures douloureuses, spirale de la drogue. Prise de conscience, revirement qui arrive parfois trop tard pour la longévité du héros, mais toujours à temps pour obtenir pardon, rédemption. Et fin du film sur une apothéose, où le héros a réussi la synthèse entre sa vie artistique et sa vie personnelle. Il sera épaulé et pourra créer sereinement.
C’est un peu pour ça que je n’étais pas vraiment impatiente de voir ce film. Sauf que.
D’une part, les acteurs sont excellents. Et Rami Malek (qui incarne Freddie Mercury) mérite l’oscar. Pour les dix prochaines années au moins.
Bien sûr, le scénario n’est pas original, comme je le disais juste avant. Parfois, il avait la lourdeur convenue d’un bon biopic des familles avec ses passages obligés. Et pourtant, cette personnalité étincelante de Freddie Mercury, servie par ces chansons qui font vibrer jusqu’à la moelle, m’ont touchée bien plus que je ne l’aurais cru.
Freddie, c’est donc un artiste, comme il y en a beaucoup dans notre histoire. Sauf qu’il refuse les barrières. À la poubelle le conformisme, les règles, les entraves quelles qu’elles soient. Une personnalité magnétique, qui semble capter la lumière, transformer celle-ci en énergie et la communiquer à ses spectateurs. J’ai un peu ressenti ça à un concert de Muse, j’imagine que Freddie Mercury était du même tonneau, sans doute quelques crans au-dessus (quelques crans ou plusieurs millions ?).
Je suis donc ressortie du cinéma avec des étoiles dans les yeux, dans la tête, dans le souffle. Une envie dévorante de laisser libre cours au flux. Me laisser habiter par son art. Créer. Créer. Créer.
Oui, vraiment, c’est un film libérateur, qui m’a rappelé à quel point il était important pour moi de placer ce verbe au centre. Il ne s’agit pas de lui donner la seule et unique priorité. Mais de le laisser s’épanouir. Prendre toute son ampleur.
Don’t stop me now.